Après la «guérison», l’Université Laurentienne se tourne vers l’«avenir» (2025)

Après avoir vécu une profonde crise financière, l’Université Laurentienne a atteint la stabilité, assure sa prochaine rectrice, Lynn Wells, qui se dit «extrêmement confiante» quant à l’avenir de l’institution.

«Il faut accepter le passé et faire la guérison avec la communauté. Mais ma priorité sera l’avenir», indique auDevoir MmeWells, lors d’une entrevue menée entièrement en français.

En 2021, l’Université Laurentienne, aux prisesavec undéficit de dizaines de millions de dollars, a éliminé 69 programmes, dont 28 en français, pour se concentrer sur les domaines d’étude «les plus demandés».

Aujourd’hui, la situation financière de l’établissement est «très stable», assure MmeWells, qui se dit «extrêmement confiante» quant à l’avenir de l’université. Malgré cette bonne posture financière, il est encore «trop tôt» pour indiquer si ces programmes abolis seront un jour rétablis, indique celle qui entrera en poste le 1eravril 2024.

Elle n’a toutefois pas attendu cette date pour débuter des consultations. Une priorité, selon elle, pour bâtir «l’avenir de l’institution». «Il faudra créer des relations transparentes avec tous les membres, les rassurer [quant au fait] que l’institution sera forte, que les décisions à l’avenir seront très intelligentes et stratégiques.»

«Leader expérimentée dans le domaine de l’enseignement postsecondaire», MmeWells a été nommée début décembre pour «son dévouement à l’excellence scientifique et son engagement envers les cultures autochtones et francophones», a écrit le président du Conseil des gouverneurs de l’Université Laurentienne, Vernon Cameron.

«Diplômée en littérature française, je suis défenseure de l’éducation francophone depuis nombre d’années et déterminée à faire progresser la mission bilingue de l’Université», a déclaré par voie de communiqué Lynn Wells, le jour de sa nomination.«Les programmes français et francophones et la communauté francophone sont très importants pour l’avenir de l’institution», a-t-elle ajouté en entrevue.

MmeWells ne ferme pas non plus la porte à l’idée que l’Université Laurentienne devienne un établissement uniquement francophone, tant que les décisions, prises à l’issue de consultations, rendent l’institution «solide et stable pour l’avenir».

Ancienne vice-rectrice aux études de l’Université des Premières Nations du Canada, en Saskatchewan, elle a aussi à coeur l’«identité triculturelle» de l’établissement, qui inclut «l’anglais, le français, et les langues autochtones».

Après la «guérison», l’Université Laurentienne se tourne vers l’«avenir» (1) Photo: Université Laurentienne MWells ne ferme pas non plus la porte à l’idée que l’Université Laurentienne devienne un établissement uniquement francophone, en autant que les décisions, prises à l’issue de consultations, rendent l’institution «solide et stable pour l’avenir».

Une rétention en difficulté

Si MmeWells est tournée vers l’avenir, la crise n’est pas résolue à l’Université Laurentienne.D’ici février, l’établissement devra avoir établi un nouveau plan stratégique pour les années 2024 à 2029, le premier depuis le début de ses déboires financiers.

Selon un sondage préliminaire, mené afin de préparer ce plan, la moitié des employés et professeurs interrogés envisageaient d’aller travailler ailleurs, «citant la rémunération totale et la culture organisationnelle comme les deux principales raisons de leur réflexion».

Le constat s’étend parmi les élèves, alors que 4 étudiants sur 10 ont déjà envisagé de changer d’université, peut-on lire dans le rapport — dont la version longue est uniquement disponible en anglais.

Cette année, l’université a rapporté une hausse de ses inscriptions, s’élevant à plus de 8000. Selon MmeWells, leur augmentation, tant «domestique» qu’«internationale», sera une «priorité» pour les prochaines années, afin d’assurer la «santé financière de l’institution».

Dans le rapport Harrison sur l’état de l’enseignement postsecondaire en Ontario,rendu public en novembre, un groupe d’experts indiquait que les collèges de l’ensemble de la province courent un «risque» en étant fortement dépendants des étudiants étrangers: leurs droits de scolarité ont représenté en 2020-2021 plus de 30% du total des recettes, et 20% dans les universités. «Bon nombre d’établissements ne seraient plus en mesure de survivre avec un effectif exclusivement canadien», ont-ils prévenu.

La source de financement n’est par ailleurs pas forcément «viable», compte tenu «des menaces inhérentes à divers facteurs internationaux tels que les pandémies [et] les événements géopolitiques».

La future rectrice reconnaît que «la situation des étudiants [internationaux] change constamment ces jours-ci avec les décisions du gouvernement fédéral», mais elle ne compte pas leur fermer la porte. «Ça sera le métier de l’université d’avoir un environnement stable et sain pour ces étudiants, pour les accueillir à l’université avec des soutiens académiques et pour la santé mentale», ajoute-t-elle.

Ouverture à la collaboration

Il faut dire que le contexte financier des établissements francophones en Ontario n’est pas tout rose. Outre le risque de dépendance à l’égard des inscriptions d’étudiants internationaux, le rapport soulignait que la viabilité financière de l’Université de Hearst et de l’Université de l’Ontario français (UOF) est «en suspens», et leur recommandait de se fédérer avec d’autres établissements francophones ou bilingues de la province.

L’Université de Sudbury a également reçu un refus de financement de la part du gouvernement provincial en juin dernier.

«J’espère qu’il y aura des fonds pour soutenir des programmes francophones», commente MmeWells, en réaction aux conclusions du rapport. Elle prévoit «parler avec le recteur de l’Université de Sudbury et les recteurs et rectrices des autres institutions» dans une «grande consultation», jugeant que la «collaboration est très très importante», sans pour autant détailler sous quelle forme elle se concrétisera.

Dans son ébauche de plan stratégique, publiée le 7décembre, l’Université Laurentienne nomme pour objectif d’«améliorer les offres de programmes et les partenariats francophones et autochtones», notamment en élaborant une «feuille de route commune» avec «d’autres établissements postsecondaires locaux et provinciaux.»

Quand on lui demande quelle est la recette secrète de l’université pour avoir un statut financier qualifié de «très stable», elle répond que «la Laurentienne a une histoire très longue. Il y a une communauté qui est très fière de cette institution, et son soutien va être très très important dans sa stabilité».

Ce reportage bénéficie du soutien de l’Initiative de journalisme local, financée par le gouvernement du Canada.

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